Ma Grand-mère s’appelle Bœuf est un voyage à l’origine de nos mots: ceux qui nous rattachent à l’enfance, ceux qui nous définissent, ceux qui nous aident, ceux qui nous obligent à grandir.
Mina grimpe tous les mercredis dans le camion de Babou. Ensemble, ils passent des journées à discuter de tout, de la vie qu’ils mènent ou de celle qu’ils rêvent. Babou est le père de Mina. Il aime raconter des histoires de son enfance. Il ne sait ni lire ni écrire mais il sait raconter. Il parle mais ne se livre jamais. Il exprime ses sentiments avec les mots des autres, ceux qu’il connaît en chanson.
Mina a besoin de parler pour entretenir la relation, pour comprendre le monde. Une conversation en continu la rassure. Mina joue avec les mots qui manquent à son père, ces mots échangés qui les différencient ou les rapprochent. Les mots sont ses trésors.
Tandis que Mina grandit dans la cabine de son camion, Babou, adulte, reste dans le monde de son enfance.
«Ma Grand-mère s’appelle Boeuf, elle n’est pas née dans une étable», est une expression qu’utilisait ma mère pour expédier un cliché : chaque nom de famille ne détermine pas entièrement celui qui le porte mais trimballe tout un monde, toutes sortes d’influences, pas seulement celles de ses origines.
« Qu’est-ce que ça fait, de ne pas savoir lire, je ne m’en souviens plus ? », demande la fillette à son père.
«Et qu’est-ce que ça fait, de savoir lire ? », lui rétorque-t-il finement.
Toute la délicatesse d’une transmission réussie entre les générations se retrouve dans cet échange.
On se moque de Nina à l’école parce qu’elle porte un nom d’île d’origine italienne, son papa ne sait pas lire, et alors ? La profonde humanité d’une personne ne se mesure pas à cela, c’est l’important message délivré par ce spectacle.
Autour du spectacle
La musique est interprétée en direct sur scène, au tuba et à la flûte à bec, accompagnés parfois de petites percussions. La musique crée un univers singulier. Elle remplace les mots quand ils sont difficiles à prononcer, elle soutient les moments d’émotion ou souligne les drôles de moments. La musique calme les doutes et les tensions. Il n’y a pas de route, pas de voyage sans accompagnement musical.
La scénographie montre un lieu unique, un camion dont une partie du pare brise est un écran de projection vidéo. Le public voit les deux personnages dans l’encadrement du pare brise, assis côte à côte : Babou derrière son volant et Mina sur le siège passager. Mina enfant, dans le camion, est une image animée, projetée, qui bouge, danse, interpelle Babou et sort du cadre. Babou est un comédien sur scène qui dialogue et interagit avec l’image.